Du 16e au 18e siècle, le bois est le principal moyen de chauffage et de combustible tant pour les habitants de Paris et sa région que pour les industries. La construction des maisons et les navires en utilisent beaucoup.
La déforestation quête la région. Comme les différents roi (François 1er, Henri II, Louis XIV et Louis XV) voulaient chasser avec la cour, il n'en était pas question. Le massif du Morvan avec ses forêts devenait une mine d'or. En effet, irrigué par l'Yonne et ses nombreux affluents rejoint la Seine et permet le transport du bois par flottage jusqu'à Paris.
Jusqu'au XIXe siècle, les domaines forestiers appartenaient à des nobles pour l'essentiel. Les Morvandiaux ayant une grande expérience du bois trouvèrent du travail.
Les coupes se déroulaient de novembre à avril et c'est en novembre de l'année suivante qu'il y avait un énorme marché au bois à Chateau Chinon. Les marchants de bois s'appelaient marchands forains.
Le bois est (déjà) sous le coup d'une réglementation.
La bûche de bois de chauffage doit avoir 3 pieds 6 pouces de long (1,14 m) et 18 pouces de circonférence (49 cm) au moins. Les bois plus gros sont refendus. Même après l'arrivée du système métrique ces valeurs furent conservées. Simplement parce qu'une pile de 3 m de long sur 3 m de haut représente 10 stères.
Lors du transport du bois, toutes les bûches sont mélangées. Il est donc nécessaire de les marquer une à une à l'aide d'un marteau sur lequel est gravé l'insigne du propriétaire. Le tri se fera à l'arrivée à Paris.
Envoyer autant de bûches dans les cours d'eau pour les faire voyager n'est pas si simple. Il faut gérer le débit d'eau.
De nombreuses retenues d'eau furent aménagées sur les ruisseaux et rivières le long du parcourt du bois. Leur vidage au bon moment permet d créer un courant artificiel qui mènera les bûches jusqu'à Clamecy sur parfois plusieurs dizaines de kilomètres.
A l'automne, le bois coupé l'hiver précédent est apporté le long des ruisseaux. Lorsque tout le monde est prêt, on ouvre les réserves d'eau et ainsi se cré une sorte de torrent dans lequel les ouvriers lancent les bûches. Les premières bûches ne servent qu'à remplir les sinuosités du ruisseau. L'eau fournie par l'étang ne coule suffisamment que pendant une heure environ et il faut 8 à 10 jours pour remplir à nouveau l'étang. On comprend l'empressement à jeter le bois à l'eau. Des ouvriers postés le long des cours d'eau munis de sortes de gaffes repoussent ou tirent les bûches qui s'empilent les unes sur les autres pour libérer le passage. Lorsque les bûches arrivent au plus loin sur l'Yonne (cela dépend du débit d'eau) on les repêche et les empile pour les laisser sécher en attendant le "grand flot".
Au mois de mars, les pluies ont (en principe)gonflé les cours d'eau de l'Yonne et de ses affluents. Les bûches vont pouvoir être emportées jusqu'aux ports aménagés dans les villes en aval comme Clamecy par exemple.
Lorsque les conditions sont favorables, la date du "grand flot" est arrêtée. Les bois ont été approchés du bord. On ouvre à nouveau toutes les retenues dont les eaux se mélangent au courant de l'Yonne. Les hommes munis de leur crocs repoussent les bûches pour éviter les barrages.
Aux ports de destination on a installé des sortes de chevaux de frise en travers de la rivière pour bloquer les bûches.
Les bûches venues s'agglutiner dans les ports vont à nouveau être sorties et empilées sur les berges. Une fois les bûches triées (à l'aide des marques gravées plus haut) et empilées les marchands Parisiens viennent les acheter et recruter les ouvriers flotteurs chargés de confectionner les trains de bois.
Il fallait attendre que le niveau de l'Yonne remonte alimenté par les pluies de fin d'été.
Les trains étaient en général construits à partir du mois de septembre. Ce travail obéissait à des règles strictes fixées par des ordonnances (déjà ?) .
La construction se faisait sur un atelier constitué de 9 perches de bois perpendiculaires à la rivière dont une extrémité plonge dans l'eau et l'autre est surélevée avec des piquets. Sur cet atelier on pose deux perches de bois de 4 m 50 encochées à chaque extrémité pour y passer 4 rouettes qui tiendrons ensemble 2 fois 2 perches.
Une rouette est réalisée avec du bois (souvent du charme) de 2 ou 3 ans qui est vrillé afin d'être défibré puis torsadé afin de constituer un lien d'environ 60 cm avec une boucle à chaque extrémité. A l'aide de fourches on maintient les deux chantiers superposés et espacés. On place alors les bûches de 1.14 m entre les chantiers sur une largeur de 50 ou 60 cm puis on bloque par une "rouette"plus petite. On fait ainsi sur toute la longueur des perches (4.50 m). On assemble 4 par 4 ces ensembles et ces ensembles appelés "coupons" sont ensuite attelés les uns aux autres pour faire une longueur de 36 m (8 coupons) qui représente un 1/2 train. Il fallait une bonne semaine pour construire un train de bois de 72 m de long qui contenait 180 à 200 stères de bois selon son épaisseur.
Au départ de Clamecy, la rivière étant assez étroite et sinueuse, on envoyait que des 1/2 trains de 36 m afin de pouvoir passer les anses. Chaque 1/2 train était conduit par un homme devant et un enfant derrière. Armés de longues perches ils guidaient le train dans les anses et les pertuis. Arrivé aux environs d'Auxerre, ont arrimait 2 1/2 train afin de n'en faire plus qu'un de 72 m. L'enfant de chaque 1/2 train (le petit homme d'arrière) rentrait à pieds à Clamecy. Environ 50 km et nous sommes fin septembre ou début octobre !!!!
A l'origine les trains étaient conduits directement dans Paris mais très vite des conducteurs "spécialisés" les prirent en charge à Charenton. Le train était alors conduit jusqu'à un port un peu en amont de la bastille.
Lorsque le train est arrivé à destination il est démonté et empilé sur parfois 13 ou 16 m de haut (4 à 6 étage d'immeuble).
Les conducteurs des trains sont immédiatement repartis à pied direction Clamecy (230 km ) pour construire un nouveau train.
Entre la coupe de la bûche et son arrivée à Paris il s'est écoulé 2 ans !
Le premier train arriva à Paris en 1547 et cela continua jusqu'en 1877 à raison d'environ 700 000 stères de bois par an.
La création du canal du Nivernais et l'arrivé des péniche mirent fin au transport par train de bois.
L'aventure dura quand même près de 3 siècles.
Remerciement à Gérard Durand pour tout ce qu'il m'a appris.
Texte inspiré de son livre sur l'histoire du flottage
La déforestation quête la région. Comme les différents roi (François 1er, Henri II, Louis XIV et Louis XV) voulaient chasser avec la cour, il n'en était pas question. Le massif du Morvan avec ses forêts devenait une mine d'or. En effet, irrigué par l'Yonne et ses nombreux affluents rejoint la Seine et permet le transport du bois par flottage jusqu'à Paris.
Jusqu'au XIXe siècle, les domaines forestiers appartenaient à des nobles pour l'essentiel. Les Morvandiaux ayant une grande expérience du bois trouvèrent du travail.
Les coupes se déroulaient de novembre à avril et c'est en novembre de l'année suivante qu'il y avait un énorme marché au bois à Chateau Chinon. Les marchants de bois s'appelaient marchands forains.
Le bois est (déjà) sous le coup d'une réglementation.
La bûche de bois de chauffage doit avoir 3 pieds 6 pouces de long (1,14 m) et 18 pouces de circonférence (49 cm) au moins. Les bois plus gros sont refendus. Même après l'arrivée du système métrique ces valeurs furent conservées. Simplement parce qu'une pile de 3 m de long sur 3 m de haut représente 10 stères.
Lors du transport du bois, toutes les bûches sont mélangées. Il est donc nécessaire de les marquer une à une à l'aide d'un marteau sur lequel est gravé l'insigne du propriétaire. Le tri se fera à l'arrivée à Paris.
Envoyer autant de bûches dans les cours d'eau pour les faire voyager n'est pas si simple. Il faut gérer le débit d'eau.
De nombreuses retenues d'eau furent aménagées sur les ruisseaux et rivières le long du parcourt du bois. Leur vidage au bon moment permet d créer un courant artificiel qui mènera les bûches jusqu'à Clamecy sur parfois plusieurs dizaines de kilomètres.
A l'automne, le bois coupé l'hiver précédent est apporté le long des ruisseaux. Lorsque tout le monde est prêt, on ouvre les réserves d'eau et ainsi se cré une sorte de torrent dans lequel les ouvriers lancent les bûches. Les premières bûches ne servent qu'à remplir les sinuosités du ruisseau. L'eau fournie par l'étang ne coule suffisamment que pendant une heure environ et il faut 8 à 10 jours pour remplir à nouveau l'étang. On comprend l'empressement à jeter le bois à l'eau. Des ouvriers postés le long des cours d'eau munis de sortes de gaffes repoussent ou tirent les bûches qui s'empilent les unes sur les autres pour libérer le passage. Lorsque les bûches arrivent au plus loin sur l'Yonne (cela dépend du débit d'eau) on les repêche et les empile pour les laisser sécher en attendant le "grand flot".
Au mois de mars, les pluies ont (en principe)gonflé les cours d'eau de l'Yonne et de ses affluents. Les bûches vont pouvoir être emportées jusqu'aux ports aménagés dans les villes en aval comme Clamecy par exemple.
Lorsque les conditions sont favorables, la date du "grand flot" est arrêtée. Les bois ont été approchés du bord. On ouvre à nouveau toutes les retenues dont les eaux se mélangent au courant de l'Yonne. Les hommes munis de leur crocs repoussent les bûches pour éviter les barrages.
Aux ports de destination on a installé des sortes de chevaux de frise en travers de la rivière pour bloquer les bûches.
Les bûches venues s'agglutiner dans les ports vont à nouveau être sorties et empilées sur les berges. Une fois les bûches triées (à l'aide des marques gravées plus haut) et empilées les marchands Parisiens viennent les acheter et recruter les ouvriers flotteurs chargés de confectionner les trains de bois.
Il fallait attendre que le niveau de l'Yonne remonte alimenté par les pluies de fin d'été.
Les trains étaient en général construits à partir du mois de septembre. Ce travail obéissait à des règles strictes fixées par des ordonnances (déjà ?) .
La construction se faisait sur un atelier constitué de 9 perches de bois perpendiculaires à la rivière dont une extrémité plonge dans l'eau et l'autre est surélevée avec des piquets. Sur cet atelier on pose deux perches de bois de 4 m 50 encochées à chaque extrémité pour y passer 4 rouettes qui tiendrons ensemble 2 fois 2 perches.
Une rouette est réalisée avec du bois (souvent du charme) de 2 ou 3 ans qui est vrillé afin d'être défibré puis torsadé afin de constituer un lien d'environ 60 cm avec une boucle à chaque extrémité. A l'aide de fourches on maintient les deux chantiers superposés et espacés. On place alors les bûches de 1.14 m entre les chantiers sur une largeur de 50 ou 60 cm puis on bloque par une "rouette"plus petite. On fait ainsi sur toute la longueur des perches (4.50 m). On assemble 4 par 4 ces ensembles et ces ensembles appelés "coupons" sont ensuite attelés les uns aux autres pour faire une longueur de 36 m (8 coupons) qui représente un 1/2 train. Il fallait une bonne semaine pour construire un train de bois de 72 m de long qui contenait 180 à 200 stères de bois selon son épaisseur.
Au départ de Clamecy, la rivière étant assez étroite et sinueuse, on envoyait que des 1/2 trains de 36 m afin de pouvoir passer les anses. Chaque 1/2 train était conduit par un homme devant et un enfant derrière. Armés de longues perches ils guidaient le train dans les anses et les pertuis. Arrivé aux environs d'Auxerre, ont arrimait 2 1/2 train afin de n'en faire plus qu'un de 72 m. L'enfant de chaque 1/2 train (le petit homme d'arrière) rentrait à pieds à Clamecy. Environ 50 km et nous sommes fin septembre ou début octobre !!!!
A l'origine les trains étaient conduits directement dans Paris mais très vite des conducteurs "spécialisés" les prirent en charge à Charenton. Le train était alors conduit jusqu'à un port un peu en amont de la bastille.
Lorsque le train est arrivé à destination il est démonté et empilé sur parfois 13 ou 16 m de haut (4 à 6 étage d'immeuble).
Les conducteurs des trains sont immédiatement repartis à pied direction Clamecy (230 km ) pour construire un nouveau train.
Entre la coupe de la bûche et son arrivée à Paris il s'est écoulé 2 ans !
Le premier train arriva à Paris en 1547 et cela continua jusqu'en 1877 à raison d'environ 700 000 stères de bois par an.
La création du canal du Nivernais et l'arrivé des péniche mirent fin au transport par train de bois.
L'aventure dura quand même près de 3 siècles.
Remerciement à Gérard Durand pour tout ce qu'il m'a appris.
Texte inspiré de son livre sur l'histoire du flottage