Modélisme Naval Le RADOUB du PONANT

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    La marine française sous la terreur

    michaud ✝
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    Message par michaud ✝ Lun 21 Jan 2019 - 19:01

    Bonsoir à tous

    Introduction

    C'est curieux, l'histoire se répète; 1789,2019,l'explosion d'une colère trop longtemps contenue due à l'exploitation méprisante d'un pouvoir très longtemps exercé. L'image d’Épinal que tout le monde à vue dans ses livres d'histoire montrant un paysan portant le clergé et la noblesse sur son dos en est le symbole.
    La faim,la misère,les taxes sans cesse plus nombreuses et plus lourdes, plus les guerres sont autant de mèches qui ont finies par s'allumer pour se diriger vers les tonneaux de poudre et les faire exploser.
    Déjà les idées de liberté et d'indépendance ramenées d'Amérique en 1780 se sont répandues dans tout le pays. La révolution du peuple exprimée dans la rue s'est propagée du bassin méditerranéen jusqu'aux rives du Bosphore. Avec l'arrivée de Bonaparte-Napoléon,elle à transmis les gènes d'un bouleversement dans toute l'Europe jusqu'au cœur de la Russie. Celle-ci engendra à son tour sa révolution avec les répercutions que l'on connait jusqu’à mème adopter à sa naissance un hymne national directement traduit d'un chant révolutionnaire français Toute la face du monde en sera changée,rien ne sera plus comme avant. Le souffle de la révolution allait tout balayer.

    Article paru dans Gloire et Empire mars-avril 2017

    La marine française sous la terreur

                                         Depuis la prise de la Bastille,la situation de la France ne cesse de se dégrader.
    Tout est remis en question, les institution , l'administration; toutes les structures volent en éclats.
    Un climat de suspicion,de dénonciations s'installe dans un désordre généralisé. La France s'isole en déclarant la guerre au monde entier. Les accord commerciaux n'ont plus court ou sont morcelés d'une façon drastique. Les braillards de bistrots alimentent les rumeurs les plus folles qui sont imprimées dans les gazettes circulant dans tout le pays. La terreur s'installe symbolisée par la guillotine.
    Révolutionnaires,contre-révolutionnaires s'affrontent en épisodes sanglants. La révolte du port de Toulon en est une tragique illustration: les contre-révolutionnaires livrent le port et la flotte aux Anglais qui brulent la plupart des vaisseaux , les réserves de bois et s'emparent des navires les plus intéressants. Les révolutionnaires contre-attaquent ,s'emparent des ruines et massacrent ou dispersent  la moitié de la population. Comme résultat,nous n'avons plus de flotte en Méditerranée. Il ne reste que les ports de l' Atlantique: Rochefort, Lorient , Brest , Cherbourg et Dunkerque avec des équipements et des structures des plus variés.

    En 1792, la plupart des officiers ont fui à l'étranger. La suppression des 5 400 matelots-canonniers en 1793 à été catastrophique. La guerre de course supprimé en 1792 et rétablie deux ans plus tard n'arrange pas les choses.

    Extrait de voiliers de l'époque romantique, aquarelle et dessins d' Antoine Roux édita Lausanne

    Corsair au calme


    La marine française sous la terreur Img_6613

    Souvent la flotte française réunissait les escadres de Toulon et de Brest pour avoir un nombre conséquent à opposer à la Royal-Navy . Amputée de la flotte de Toulon et subissant un désordre total ,elle pourra faire face quelques temps à son adversaire, mais inexorablement, il y a trop de facteurs  qui jouent contre elle . En 1793 ,la France aligne 88 vaisseaux de ligne, la majorité de  74 canons et 68 frégates, la plupart de 12 . Il n'y a plus que 78 vaisseaux de ligne en 1794. C'est une flotte jeune avec des unités de 11 ans en moyenne pour les vaisseaux, les frégates ont moins de 10 ans.
    Pour faire face à l'énorme machine  anglaise, la France, comme à son habitude fait appel à ses alliés ; l'Espagne et la Hollande avec leur flotte de qualité inégale. Mais ce n'est qu'une illusion pour retarder l'inévitable.

    Le convoi venant d'Amérique

    Tout va mal en France en cette année 1794. Le pays est en ébullition. La France voit ses approvisionnements traditionnels se fermer et, pour ne rien arranger, une succession de mauvaises récoltes entraine un début de famine. Il faut donc des produits de première nécessité de toute urgence pour nourrir la population, d'où la décision de commander du blé américain et de le faire venir.
    En baie de Chesapeake, rien n'est prêt, et en plus, il faut négocier le prix de la cargaison. Les Américains ont le sens des affaires,business is business, il faut payer cash les soixante sept milles barils de farine nécessaires au ravitaillement de l'armée et du peuple de Paris. Il y a aussi 376 barils de riz américain et de la morue salée, des billes de bois précieux, des peaux de chevreuil et autres cuirs et du souffre; a cela s'ajoute le chargement des navires qui se sont échappés des Antilles, soit 7 163 barils de sucre,11 241 de café, 1 139 balles de coton , de l'indigo et du cacao. Cent vingt- sept marchands qu'il faut protéger à n'importe quel prix ! Pour protéger le convoi, on envoie Von Stabel avec deux vaisseaux et quelques frégates et corvettes.
    Déjà les veilleurs de la pointe Saint-Mathieu ont signalés la présence de voiles anglaises; 25 ou 26 navires de ligne accompagnés de 27 frégates ou corvettes, présence confirmée par un corsaire malouin. Cette force à appareillée de Spithead le 10 avril. Parfaitement renseigné par ses espions qui sont dans tous les ports, y compris en Amérique, sur le déplacement des voiles françaises, convoi et flotte de protection compris, l'amiral Howe à tous les atouts en mains pour intervenir à tous moments. Dans le trident breton , au mouillage, il y a 35 vaisseaux et frégates qui arborent l'ancien pavillon royal mais qui à maintenant les couleurs tricolores a son tiers supérieur , (il n'y avait pas suffisamment de couleur pour fabriquer un pavillon tricolore entier..........).

    Pavillon arboré par la plupart des navires républicains

    La marine française sous la terreur Img_9411

    vaisseau en avitaillement  par l'un de ses canot, dessin de Ozanne extrait de son album

    La marine française sous la terreur Img_8212

    De la même source  mais gravure de Letendre, vaisseau guidé par ses canots pour son poste d'appareillage

    La marine française sous la terreur Img_8213

    Répartis entre les trois escadres composant la flotte , il y a huit frégates et autant de bâtiments légers ( corvettes ou bricks ) afin d'éclairer la marche, prendre en remorque les éclopés si nécessaire et servant aussi de répétiteur d'ordres. Le nouveau pavillon tricolore flotte seulement à l'artimon des trois ponts amiraux comme la Montagne. Ce magnifique navire de 118 canons et caronades de 36 livres est le chef d'œuvre de Jacques-Noel Sané, ingénieur-constructeur admiré par toute l' Europe. Mis en chantier le 12  aout 1786 sous le nom d'Etats de Bourgogne, il à été lancé quatre ans et trois mois plus tard le 8 novembre 1790,et armé immédiatement. Au cours de sa longue carrière, il a porté différents noms. Le 27 janvier 1793 , il a été rebaptisé Cote d'or , puis le 27 octobre , la Montagne.
    C'est sous ce nom que nous le verrons combattre lors des différentes phase des combats de Prairial .

    Maquette de l' Océan, image Wikipédia , épingle Pinterest

    La marine française sous la terreur Img_9210

    Il portera le nom de Peuple en 1795, participera au combat de Groix et, de retour à Lorient le 26 juin 1795, il prendra son nom définitif d' Océan qu'il conservera jusqu'au 25 avril 1855. Il sera démantelé dans la même cale ou il avait été construit.

    Une flotte composée de vaisseaux inégalement entretenus avec des équipages au trois quart novices et en guenilles va affronter les professionnels de la mer, de l'amiral au dernier mousse, sur des navires parfaitement équipés, avec des équipages bien habillés, nourris correctement et parfaitement entrainés.

    A suivre. Bonne journée sous les flocons. Amitiés jean-Jacques


    Dernière édition par michaud le Mar 5 Fév 2019 - 18:14, édité 1 fois
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    Message par michaud ✝ Dim 27 Jan 2019 - 11:59

    Mer de Bretagne, œuvre de Gaston Thierry

    La marine française sous la terreur Img_6712

    Le contre-amiral Nielly appareille de Rochefort le 10 avril 1794 ( soit le 21 germinal An II),apres une attente interminable de quinze jours pour avoir un vent favorable à la tète de 5 vaisseaux: le Sans Pareil ( 80 canons ), l'Audacieux, le Patriote, le Téméraire et le Trajan tous de 74 canons avec une frégate de 12 de 40 pièces, la Galathée ainsi qu'une poussière navale de petite unités comme l' Unité, l'Atalante, le Maire-Guiton, l'Epervier et le Jean- Bart. Ces deux divisions vont à la rencontre de Van Stabel et de son convoi, mais elles ne le trouveront pas et se joignent à l 'escadre de Villaret de Joyeuse. La frégate l'Atalante, la corvette la Levrette et le brig l'Epervier accompagnent la division légère jusqu'à une certaine distance pour revenir patrouiller à proximité du trident breton.

    Parmi les vaisseaux s'apprêtant à appareiller , il y a un magnifique 100 canons qui à déjà subi l'épreuve du feu depuis la fameuse bataille d'Ouessant en 1778. Il s'agit de la Bretagne.

    épingle Pinterest , Wikipédia

    La marine française sous la terreur Img_9211


    Ce vaisseau conçu en 1762 à subi de nombreux radoubs. Les vaisseaux de 100 canons avaient montrés jusque la de piètres qualités marines.
    Celui-ci est le premier à se montrer plus marin que ses prédécesseurs. Malgré cela, il a du être constamment surveillé, présentant constamment des problèmes d'étanchéité . Les travaux de mise à niveau ont été entrepris d'avril 1788 à mars 1789. Durant les premières années de la révolution, le navire à dormi à l'ancre dans la Penfeld. Le 18 mai 1793, le vaisseau la Bretagne à été  mis en rade et inspecté assez rapidement ; il lui manquait néanmoins 300 membres d'équipage.

    Il appareille finalement en compagnie du Terrible de 120 et est bientôt rejoint par l' Indomptable, vaisseau tout neuf de 80 canons lancé en 1789. Ces trois unités rejoignent  l'escadre de Morard de Galles, ancien compagnon de Suffren , sous Groix. Il a mis sa marque sur le Républicain ( ex Royal Louis ) de 110. Cette forces croise le long des cotes vendéennes afin d'empêcher les forces contre révolutionnaires  de se joindre à un corps de débarquement anglais. Cette croisière se solde par la prise d'un petit corsaire de Liverpool de 16 pièces de 6 livres.
    Comme la plupart des navires de la flotte, la Bretagne change de nom. Il faut effacer, autant que faire se peux, les traces de l' ancien régime et magnifier les valeurs du nouveau. Désormais la Bretagne se nomme le Révolutionnaire et son armement est porté à 110 canons.

    Le vent se lève

    photo coupée (  le format à l'italienne de la photo ne pouvait tenir dans le cadre ) mer de Bretagne par Plissons

    La marine française sous la terreur Img_3571

    Note de l'auteur.

    Sur le tableau de Hué représentant le port de Brest en 1793,il y a de tres fortes probabilités que le navire en avant de la Bretagne soit l' Indomptable de 80 canons précité plus haut. par contre son pavillon entièrement tricolore n'est pas crédible en 1793 ( il n'y avait pas assez d'étamine pour que la flotte puissent arborer le nouveau pavillon tricolore  national) . Seuls les 110 canons l'avaient.
    La Bretagne avait tout son gréement et était prête à prendre la mer en 1793,ce qui prouve que le peintre n'était pas présent sur place lorsqu'il à peint son tableau et que l'on aperçoit une Bretagne sans gréement. Autre précision, le tableau représentant le port de Brest à été présenté en 1795, à car a ce moment la , les navires avaient le pavillon tricolore tel que nous le connaissons . I lest possible aussi que le peintre ait volontairement ajouté quelques bâtiments et un surcroit d'activité pour servir ce tableau propagande révolutionnaire.

    A suivre........ a140 La marine française sous la terreur 2054070234


    Dernière édition par michaud le Mar 5 Fév 2019 - 18:12, édité 1 fois
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    Message par michaud ✝ Dim 27 Jan 2019 - 18:26

    Le 16 mai 1794,vers 15 heures, les ordres sont donnés, et bientôt les flammes signalant l'imminence de l'appareillage montent aux drisses du navire amiral. Vers 16 heures, le signal d'appareillage claque au vent et les premiers navires lèvent l'ancre bientôt suivis par 25 vaisseaux escortés par 8 frégates et une poussière navale. Le Révolutionnaire appareille à 17 h 15.
    La nuit est tombée et la brume s'épaissit, a bord de la Montagne, on tire une fusée toute les demi-heures et on fait tinter la cloche du bord, signal répété par le Révolutionnaire et par d'autres bâtiments.

    Photo d'une frégate dans la brume, ( photo du " café de la marine " marine et modélisme d'arsenal )

    [center]La marine française sous la terreur Img_3437

    L'escadre à le cap à l'ouest et commence à tirer des bords entre 46 et 48 degrés de latitude nord à 350 milles de Ouessant. L'amiral en profite pour exercer ses équipages, mais on ne devient pas marin en quelques heures et les officiers promus en quelques mois n'ont l'expérience requise. Les manœuvres s'effectuent mal.
    Une voile de l'escadre Nielly avertit l'amiral Villaret sur la position du convoi. Celui-ci navigue à neuf cent quatre vingt milles dans l'ouest-sud-ouest de la pointe du Finistère ( huit à neuf jours de Brest ). A l'aube du 28 mai tombant des hunes, un cri: " voiles droit devant ! " Est ce le convoi ? Non ,aucun doute n'est possible ,aux mats, venant droit sur les Français flotte la croix de Saint-Georges.
    La flotte anglaise dans toute sa puissance.
    A 10 heures , la Montagne signale de prendre les dispositions de combat sur une seule file. Même avec l'avantage du vent, la flotte française espère entrainer l'ennemi loin de la route supposée de Van Stabel. En cela elle respecte la vieille consigne de la Royale; se sacrifier pour sauver le convoi à tous prix.
    A bord du Révolutionnaire, à 9 h 45, on compte 35 voiles parfaitement alignées, dont un cutter courant tribord amures. L'aperçu de prendre les dispositions de combat est envoyé. Le manque d'entrainement des équipages se fait sentir.
    Avec une lenteur désespérante, la disposition demandée est obtenue péniblement vers midi et encore..........La chasse est lancée en lignes parallèles. Les navires se mettent à s'incliner d'une façon importante. Bossoirs et porte-haubans sous le vent sont couvert d'écume. La gite est forte , on glisse et on s'agrippe aux haubans d'artimon comme on peux. A l'intérieur des batteries, on à l'impression d'être au centre d'un filet qui se resserre et ou les poissons tournent et s'entrecroisent de plus en plus vite. Dans la batterie des 36 livres , le danger est double , car les canons commencent à être mis en batterie, mais du fait de l'inclinaison des ponts, les vagues lèchent dangereusement le seuillet des sabords ,aussi ordre est donné de fermer les mantelets afin d'éviter l'irruption de la mer dans les ouvertures.
    Le navire ne pourra donc pas se servir de sa batterie principale, diminuant sa puissance de feu.
    Sur le pont des 24 livres, les canonniers se bousculent, les mousses courent apportant les gargousses , cris et jurons s'entrecroisent, les canons deviennent des êtres vivants entravés entre leurs garants et leurs bragues. Il faut charger, pointer et attendre l'ordre des officiers pour les chefs de pièces de tirer.

    Bientôt: l'enfer du 9 prairial ( 28 mai 1794 ): premier combat.

    Amitiés Jean-Jacques a140
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    Message par michaud ✝ Lun 28 Jan 2019 - 12:07

    Il est 14 h 30 . La ligne française présente des brèches, les vaisseaux manœuvrent trop lentement et mal. L'amiral anglais à envoyé cinq de ses voiliers les plus rapides pour accabler l'arrière-garde française. Le Brutus ( ex Diadème ) , vaisseau rasé reclassé en frégate , est déjà engagé par l'ennemi. Signal de l'amiral: " prendre poste derrière le Mucius " ( ex Orion de 74 ). Le Brutus sort de la ligne ,rappelé par Villaret. Le Révolutionnaire se retrouve dernier mais manœuvre bien.
                  Il est 17 h 30 . Le Bellérophon , le Thunderer , le Russel  et l' Audacious rejoints par le Léviathan, prennent position autour des Français , deux en poupe et deux sur bâbord.
    Les vaisseaux anglais peuvent utiliser les 32 livres de leurs batteries principales, tandis que les navires Français, vu la gite ne peuvent se servirent que des 18 et 12 livres des ponts supérieurs. Bientôt, nombre de manœuvres sont emportées avec les voiles.

    Le Révolutionnaire, par de puissantes bordées; à obligé les assaillants à brasser ou à culer. Le Bellérophon est dans un tel état qu'il doit rompre. L'Audacious, désemparé, a de tels dégâts qu'il met le cap directement sur l' Angleterre.
    A bord du Révolutionnaire , c'est le carnage. Deux autres trois ponts, le Marlborough et le Gibraltar ainsi que la frégate Latona se joignent à la curée. Il est 20 h, dix vaisseaux anglais s'acharnent comme une meute autour d'un cerf. A 21 h, une balle tue le capitaine Van Dongen. A 23 h 30 , les derniers mats s'abattent et le navire dérive au milieux de débris de toutes sortes. Nous sommes le 29 mai ( 10 prairial ), le vaisseau gite fortement , et, pour le soulager, on installe tant bien que  mal un semblant de mature sur les moignons des mats restants. A midi les Français voient avec soulagement arriver l' Audacieux ( 74 ) de l'escadre Nielly ainsi que la frégate l'unité et la corvette Jean Bart. L'Audacieux passe une remorque apres une tentative infructueuse vers 19 h. les officiers survivants s'interrogent sur cette initiative qui aurait du revenir à la frégate et laisser le vaisseau rallier la division et marcher au canon. Apres diverses péripéties et beaucoup de difficultés, le Révolutionnaire peu mouiller sur la rade de l'ile d' Aix.
    Revenons maintenant en arrière sur le navire amiral. A bord de la Montagne , la nuit est tombée. Une corvette signale une nouvelle escadre de neuf vaisseaux dans le nord-est. La brume s'épaissit, mais deux frégates anglaises gardent obstinément le contact avec le navire amiral . Ce 29 mai, il y a toujours ces bancs de brume courant à la surface des vagues.

    Maquette de la Montagne, Wikipédia ,Epingle Pinterest

    [centerLa marine française sous la terreur Img_3572][/center]

    A bord du Queen Charlotte ( 100 canons ), l'amiral Howe donne l'ordre de répéter la manœuvre de la veille; virer de bord et couper la ligne adverse. Cette tactique est nouvelle et rompt avec les consignes de combats établies depuis des lustres. Qui plus est, celui qui quitte la ligne de bataille est passible de la cour martiale , voir de la peine de mort. Aussi cet ordre est il partiellement et timidement suivi. Seul , le principal corps de bataille entourant Howe l'exécute. Cette fameuse manœuvre répétée plus tard à Trafalgar est ce qu'on appelle " barrer le T " . Le risque est que l' attaquant présente son étrave à l'adversaire pratiquement sans canons, alors que l' adversaire, lui, présente son flanc avec toutes ses pièces battantes. Mais les navires français ne sont pas " beaupré sur poupe" et de larges brèches s'ouvrent entre eux. C'est ce qui s'est passé aux Saintes pendant la guerre d'indépendance américaine avec des sautes de vent inopportunes qui ont désorganisées la ligne française et dont la flotte anglaise à profitée.

    A suivre JJ
    xavero63
    Premier Maître
    Premier Maître

    xavero63

    a009d

    Merci JJ pour cette suite a170

    Mais j'ai comme un mauvais pressentiment pour la suite.... pourrais-tu réécrire le scénario de la suite avec une version plus ... "française" a273

    Amitiés
    a014
    Xavier
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    michaud ✝

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    Message par michaud ✝ Lun 28 Jan 2019 - 16:41


    Merci Xavier, mais ça veut dire quoi une version plus française. Je te rappelle que c'est un article paru dans un magazine ( copyright myself ). Je corrige quelques phrases ici et la parce que certaines choses sont passées inaperçues en relecture, mais je me dois de rester fidèle au texte d'origine.. A bientôt. Tu es le premier et le seul pour l'instant à montrer un peu d’intérêt à ma prose. A moins que certains lisent mais ne se manifeste pas............

    JJ
    Glénans
    Capitaine de Vaisseau
    Capitaine de Vaisseau

    Glénans

    Bonsoir Jean-Jacques,

    Mais c'est qu'il nous fait un caprice mon Bon Ami ! Mais c'est à juste titre, car tu n'es pas le seul a avoir cette impression !

    Mais il faut aller dans les "Forums" : "Les RENDEZ-VOUS de L'HISTOIRE -> Navale", pour voir que depuis que tu l'as ouvert, 65 personnes l'ont déjà lu, ce qui est un très bon score chez nous qui ne sommes pas nombreux !
    Le seul problème est qu'il faut faire tout ce trajet pour se rendre compte de l'intérêt des lecteurs ; Chose que l'on ne voit pas sur le "Portail" ! Dommage !

    Ne t'inquiète pas, j'y vais systématiquement, mais je n'ai pas vraiment la "frite" pour écrire à tout bout de champs et te féliciter !!!

    Allez, "ne pleure pas, grande bête, on pense à toi" !!! Continue comme cela, c'est toujours aussi passionnant et instructif.

    A plus.

    Bonne soirée.

    michaud ✝
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    michaud ✝

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    Message par michaud ✝ Lun 28 Jan 2019 - 19:22


    Merci Bertrand. Il est possible que rendez vous de l' histoire et bibliothèque du ponant pourraient faire double emploi .
    Mais tu me réconfortes sachant que ça me demande beaucoup de travail, de recherches , de corrections permanentes et d'attention dans ce qu'il faut faire et pas faire.
    Je ne cherche pas forcément la pommade dans le dos, mais simplement un retour mème très court.

    Merci à tous ceux qui ont la gentillesse de partager ma passion de l'histoire ancienne si nécessaire pour comprendre l' histoire moderne.

    Amicalement JJ
    michaud ✝
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    Message par michaud ✝ Mar 29 Jan 2019 - 17:05

    Passing through enemy line !

                L'ordre claque. L 'approche se fait pendant vingt minutes interminables. La Queen Charlotte suivie par deux navires coupe la ligne entre le Tyrannicide  ( 74 ) et l'Indomptable de 80 en leur envoyant de meurtrières bordées d' enfilade. Les fameuses caronades font des ravages et les ponts des navires français montrent l'horreur d'une grande boucherie à ciel ouvert.
    Villaret voit le danger mortel pour son arrière garde et ordonne de virer de bord par la contremarche .
    Lentement, péniblement la manœuvre s'effectue, mais seul le corps de bataille entourant Villaret l'exécute. Le Montagnard, en tète ne peut exécuter l'ordre, étant trop endommagé.  A la lunette, un officier signale que l'Indomptable et le Tyrannicide sont entièrement démâtés et hors de combat.
    Malgré tout le Tyrannicide se fit remorquer par le Trajan de 74 et reste dans la ligne. L'indomptable quitte la ligne et met le cap sur les cotes françaises avec des lambeaux de voiles sur des tronçons de mats, escorté par le Mont-Blanc sur ordre de l'amiral.

    L'Indomptable de 80 canons , classe Téméraire, Robuste Wikipédia



    La marine française sous la terreur Img_3573

    Le Mont-Blanc ( 74 ) ex Pyrrhus devint Républicain en 1795

    La marine française sous la terreur Img_3574

    Quatre navires en moins. Au loin , on aperçoit le Montagnard soi-disant endommagé faisant force voile sur Brest. Les consignes sont claires : tous les officiers accusés de lâcheté ou de n'avoir pas su accomplir leur devoir seront guillotinés à leur retour en France. La nuit tombe et une petite corvette de l'escadre de  Nielly apprend aux Français qu'elle n'a pas trouvé le convoi.

    Corvette et frégate en communication, Epingles Pinterest

    Photo Yannick Le bris

    La marine française sous la terreur Img_4013

    Pendant ce temps, l'escadre anglaise se remet en ordre apres la manœuvre de l'amiral diversement comprise. L'engagement à duré huit heures.
    La corvette repart, forçant la toile pour demander à Nielly de rallier la flotte.
    Bientôt cinq silhouettes sous la formes de deux vaisseaux et trois frégates rallient la flotte; c'est Nielly qui met sa marque aussitôt sur le Républicain de 110 canons.
    Une autre silhouette fait son apparition sous la forme d'un 74 canons venu en droite ligne de Cancale, c'est le trente-et-un mai. L'égalité du nombre s'est reformée et on peut affronter l'ennemi le lendemain.
    Une frégate ayant rencontrée un marchand danois apprend aux Français la position du convoi à moins d'une journée à l'ouest. Il devient impératif et urgent d'éloigner le plus possible l'escadre anglaise. Les deux jours suivant le temps est exécrable et ne permet aucune action des belligérants.

    A suivre.....Deuxième combat: le 13 prairial An II ( 1 er juin 1794) au matin
    Glénans
    Capitaine de Vaisseau
    Capitaine de Vaisseau

    Glénans

    Bonjour Jean-Jacques,

    Ah ! Vivement la suite ! Ne nous laisses pas dans l'attente de cette aventure !

    Bonne écriture et à bientôt, mais prends quand même ton temps !

    Bonne fin d'après-midi.
    michaud ✝
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    michaud ✝

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    Message par michaud ✝ Mar 29 Jan 2019 - 17:13


    merci Bertrand, fidèle sur la dunette malgré le temps actuel et dans le récit à ce que je vois.

    JJ

    Glénans
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    Glénans

    Re Jean-Jacques,

    En effet, temps vaseux et très couvert avec en prime pluie et/ou neige cette nuit avec une température entre 4 et 5 °C.

    Je suis toujours plongé dans  mon fichier Excel pour répertorier les livres de toutes nos bibliothèques de Gentilly. J'en suis, actuellement à 1250 livres. Heureusement, je n'en ai plus qu'une à faire et j’aurai terminé !

    A bientôt.

    Bonne fin d'après-midi.
    michaud ✝
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    michaud ✝

    La marine française sous la terreur EmptyID du message --> Re: La marine française sous la terreur

    Message par michaud ✝ Mar 29 Jan 2019 - 18:19


    18 h 20 .Grosses rafales de vent et de pluie
    lutec's
    Matelot - Mousse
    Matelot - Mousse

    lutec's

    Quel histoire !
    Dommage qu'il n'y ait pas de série TV à la hauteur pour essayer de rendre "grand public" de telles aventures !
    a170
    michaud ✝
    Capitaine de Corvette
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    Message par michaud ✝ Sam 2 Fév 2019 - 21:31


    Qui sait, peut être un metteur en scène intéressera sur un pauvre bougre ballotté par les événements, présent sur une voile de l'escadre et qui serait témoin d'une partie des événements.

    ça me donne une idée............JJ
    Philippe de Surlemont
    Elève Maistrancier
    Elève Maistrancier

    Philippe de Surlemont

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    Message par Philippe de Surlemont Sam 2 Fév 2019 - 22:07

    Bonjour Jean-Jacques, les RV avec l'Histoire que tu nous contes régulièrement nous apprennent énormément de choses sur notre passé. Il est toujours très intéressant de te lire.
    De même, les petits mots que tu ajoutes lors de la réalisation de nos divers projets y ajoutent un peu de saveur. Merci à toi.
    michaud ✝
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    Message par michaud ✝ Dim 3 Fév 2019 - 2:02


    Merci Philippe cette réflexion me va droit au cœur et donne un plaisir sans mélange.

    Très amicalement Jean-Jacques
    parellum
    Inspecteur Général de la Marine
    Inspecteur Général de la Marine

    parellum

    Ah! JJ, tu nous fais toujours vibrer!

    @+ pour la suite!
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    Message par michaud ✝ Lun 4 Fév 2019 - 9:48


    Bonjour Patrick

    Pour les malheureux ballotés par le vent, la tempête et les boulets anglais , les vibrations étaient beaucoup moins sympathiques.

    JJ
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    Message par michaud ✝ Ven 8 Fév 2019 - 15:52

    Deuxième combat; le 13 Prairial an II ( 1 er juin 1794 au matin)

          La brise du sud-est à chassée la brume. Avec un ensemble parfait, toutes les lunettes se braquent vers l'horizon. Le grossissement de la lentille montre la flotte anglaise dans toute sa puissance , impeccablement alignée; pareil à un monstre marin ,elle fonce droit sur l'adversaire. Les signaux montent aux drisses du vaisseau amiral ,donnant l'ordre de serrer les intervalles entre chaque navire.
    Mais les sautes de vent et le manque d'expérience des équipages font que ces dispositions sont peu respectées.
    A bord du Queen Charlotte, Dick le noir ( surnom donné à l'amiral Howe) fixe sa proie et n'a qu'une idée en tète; répéter la même manœuvre que la veille et couper la ligne ennemie. Il est alors 8 heures. Cette tactique utilisée opportunément aux Saintes va devenir une règle, elle sera utilisée plus tard à la bataille de Camperdown contre les Hollandais le 11 octobre 1797 et verra son épilogue à la bataille de Trafalgar le 21 octobre 1805, ce seront des batailles de rupture.
    Un autre ordre promptement envoyé est que chaque capitaine engage l'ennemi en lui passant sur la poupe pour lui causer le maximum de dégâts, sachant que c'est la partie la plus fragile du vaisseau et la moins défendue. Tous les capitaines anglais, la lunette à l'œil, cherchent alors une brèche de 200 mètres pour la franchir en trente secondes.

    L'amiral Howe hait les Français et méprise Villaret, mais aussi Nielly , hier encore simple lieutenant de vaisseau, qu'il pense être à bord de la Montagne comme amiral.  Soudain, il pointe son index vers la ligne française : la voici la brèche !
    En effet , le Jacobin, matelot d'arrière de la Montagne, s'est laissé distancer.
    Le Queen Charlotte fonce, mais le Jacobin voit le danger et tous les gabiers sont dans la mature, le grand hunier de cinq cents mètres  est déployé en moins d'une minute.  Le Queen Charlotte risque d'aborder violemment de plein fouet le Jacobin. Mais à bord de la Montagne, on a vu la brèche se former; pour ralentir, on masque les huniers. Cependant , le Jacobin arrive à toute allure au risque de percuter la poupe de son amiral. En toute hâte, le capitaine Gassin fait mettre la barre à tribord, son navire passe sur la hanche de la Montagne et la dépasse.
    Malgré les ordres de culer, le Jacobin n'a pas le temps de reprendre son poste, la brèche s'ouvre à nouveau et Howe s'y engouffre.
    Avec horreur, officiers et marins postés sur la dunette voient arriver l'énorme 100 canons ; c'est une vision de fin du monde ! Toute la bordée et les caronades crachent boulets et mitraillent en balayant tout sur leur passage. Les chambres des officiers, la salle du conseil, le carré, le tableau de poupe et les galeries, tout est ravagé. Des débris de toutes sortes entremêlés de cadavres ensanglantés, de blessés et de mourants jonchent les ponts. Par miracle, l'artimon est debout, la barre est intacte ,l'amiral est indemne, on déplore près de 100 morts et blessés .
    Le Queen Charlotte ayant viré se retrouve bord à bord avec la Montagne, mais il est pris en sandwich sous le feu du Jacobin.

    La marine française sous la terreur Img_3577


    Malheureusement, au lieu de soutenir son amiral, le vaisseau de 74 français s'éloigne apres avoir tiré quelques bordées. Les servants et le pièces de gaillards de la Montagne sont pour la plupart hors de service , mais le navire gite moins et les mantelets des 36 livres s'ouvrent enfin. La réponse est foudroyante et un duel à mort s'engage. les bordées françaises font aussi des ravages et fracassent le bordé adverse qui, avec l'onde de choc, envoie des milliers d'esquilles de bois à l'intérieur des batteries. Le Queen Charlotte est tres sérieusement poivré et en grand danger d'être complètement dégrée.
    Dans les batteries de l'un et de l'autre, les projectiles en tous genres fracassent tout sur leurs passages, des canons sont renversés, d'autres dont les manœuvres sont coupés roulent sans contrôle, tuent ou mutilent les vivants et les morts dans la fumée et les cris. Mais bientôt le Queen Charlotte à de plus en plus de mal à manœuvrer. Howe donne l'ordre de se désengager , non sans tirer quelques bordées sur l' Achille et sur le Juste. Son navire est remplacé au pied levé par le Gibraltar de 80 et le Culloden de 74; le Royal Sovereign, le Valiant et le Maborough s'en mêlent, la fumée est telle que les tirs deviennent imprécis , s'espacent puis cessent, ce qui permet à la Montagne de décrocher à son tour.
    Pendant ce temps l' América de 74 s' explique avec le Léviathan, mais le navire français à perdu deux de ses mats et dérive, ses sabords en partie masqués par les débris de son gréement tire en aveugle sur le Russel qui vient pour l'arraisonner.
    Mais celui-ci abandonne rapidement sous les bordées furieuses du Téméraire.

    La bataille fait rage. le Terrible de 110, sur qui flotte la marque du contre-amiral Bouvet est pris à partie par le Royal Sovereign de 100 canons appuyé par trois autres navires. le Terrible perd deux de ses mats, le mat de misaine est en partie dégrée, mais il trouve le moyen de se faire remorquer par une frégate et de continuer le combat en envoyant de violentes et furieuses bordées.

    La suite à venir JJ
    michaud ✝
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    Message par michaud ✝ Mar 12 Fév 2019 - 11:17

    Bonjour à tous

                   L'Impétueux de 74 matelot arrière du Terrible, est matraqué par le Malborough lui aussi de 74.Le malheureux navire français n'est plus qu'un ponton-charnier, mais refuse de se rendre malgré le feu qui ronge une partie du pont et de la dunette; celui-ci commence à gagner la soute aux poudres.
    Celle-ci est noyée pour éviter l'explosion. Voyant cette épave se transformer en brulot qui risque d'exploser à tous moments, le Malborough s'en prend au Juste qu'il démâte, n'ayant pu aborder l' Impétueux .Mais un autre vaisseau français, le Mucius de 74  tire avec rage ; il finit par abattre l'artimon du Malborough et l' aborde de plein fouet. Sous la violence du choc , la mature des deux navires s'effondre dans un fracas épouvantable .Une frégate anglaise passe une remorque au Malborough. L'Impétueux brule toujours et finit par amener ses couleurs. Le Juste s'attend à être arraisonné . Le Mucius continue à tirer avec rage et démâte le Défense.

    Tableau de Nicolas Pocock

    Démâtage du HMS Défense par le Mucius

    La marine française sous la terreur Img_3578

    Depuis près de deux heures, près de dix milles boulets ont été tirés. Vers 22 heures, la fumée est si dense que les tirs cessent. Un peu plus tard, un spectacle terrible montre Anglais et Français pêle-mêle sur la surface des flots; onze vaisseaux plus ou moins démâtés, mêlés aux Anglais , mais surtout onze vaisseaux de l'avant garde qui, sourds et aveugles, n'obéissent pas aux signaux des frégates pour rallier l'amiral.

    Villaret veut reformer sa ligne de bataille avec ses vaisseaux encore en état de combattre pour sauver les onze éclopés. Mais il faut remonter au vent et ses navires partiellement regréés  en sont incapables. L'ordre est annulé ,car il faut  sauver le convoi à n'importe quel prix. Le Queen Charlotte partiellement dégrée continue le combat contre le Patriote, puis contre le Scipion tous deux de 74.
    Le Queen Charlotte s'en prend ensuite  au Jemmapes qu'il veut foudroyer.
    Howe , lui-même  crie en français : " j'espère bien, messieurs, que vous avez amené vos couleurs ! "- " Pas du tout, Monsieur ! ", lui répond le capitaine Desmaris . Fièrement un gabier monte à l'artimon ,saisit un coin du pavillon en lambeaux et le montre à l'ennemi. " Allez tous au diable ! " crie Howe, mais sous les tirs du 74 français, le grand mat du Queen Charlotte s'effondre et Howe , lui aussi est obligé de s'éloigner pour reformer sa ligne de bataille.
    Coté français, le grand trois ponts Républicain hisse quelques toiles sur des tronçons de mats et s'éloigne en compagnie du Jemmapes.




                                                        Le combat du vengeur du peuple

           Revenons au milieu de la matinée.  l' amiral Howe à donné ses ordres afin que chaque capitaine puisse engager le navire le plus proche ou couper la ligne si l'occasion se présente.
    Devant le Vengeur du peuple ,un vide s'est créé car son matelot d'avant, l'Achille veut combler le vide devant lui par le Jacobin ( l'effet domino ). Le Brunswick veut absolument couper la ligne, mais le Vengeur n' a plus qu'une solution , lui rentrer dedans ! Les deux vaisseaux de 3000 tonnes chacun se heurtent de biais, mais suffisamment violemment pour que la mature complète du Brunswick s'effondre.

    Tableau Nicolas Pocock

    Le vengeur du peuple aux prise avec le Brunswick

    La marine française sous la terreur Img_3637

    Une de ses ancres croche dans le porte-haubans de misaine du Vengeur liant les deux navires dans une mortelle étreinte. Certains mantelets sont rabattus et masquent l'ouverture pour tirer- on les fait sauter, d'autres sont arrachés , les 36 livres français contre les 32 livres anglais tirent plein bois de tres près. C'est une lutte à mort et le premier corps à corps dans cette bataille.
    les deux 74 se canonnent à bout portant, mais par intermittence. Le pont du Brunswick encombré de débris et de corps est bizarrement désert. Le capitaine Renaudin y voit une opportunité d'un abordage et fait réunir une compagnie d'assaut sur le gaillard d'avant. Soudain , un ouragan de feu balaye tout le monde; c'est un autre 74 canons le Ramillies, escorté d'un autre vaisseau qui envoie sa bordée de mitraille avec ses caronades , faisant un carnage.
    Déjà le navire anglais se positionne pour envoyer un tir d'enfilade à la poupe.
    le Vengeur fait eau et des hommes sont envoyés aux pompes. les rentrées d'eau sont un temps stoppées. puis estimant que le Vengeur "  à son compte " les eux vaisseaux anglais s'éloignent. Pendant ce temps " les homards " , nom donné à l'infanterie britannique à cause de la tunique rouge tirent avec leur mousquets.
    Brusquement , avec un craquement sinistre, l' ancre du Brunswick accroché au bossoir s'arrache en emportant le beaupré et une bonne parie du bastingage.
    L'un des navires anglais fait brusquement demi -tour et envoie deux bordées à bout portant coté tribord. A bord du Vengeur , les canons sont muets. Un officier se précipite dans la batterie et on lui annonce qu'il n'y a plus de gargousses et que la soute aux poudres est noyée. l'espoir renait à la vue du Trente et-un mai qui s'approche pour passer une remorque, mais il est aussitôt accroché par trois vaisseaux anglais qui l'obligent à se retirer. Le Ramillies revient à la charge et foudroie le Vengeur de plusieurs bordées. On signale au capitaine qu'il y a huit pieds d'eau dans la cale et que les pompes n'étalant plus, le navire est en train de couler. Il n'y a plus d'espoir d'être secouru, les quelques vaisseaux français s'éloignent ou essayent de se regrouper.

    le vengeur du peuple hors de combat, image d'archives, Pinterest , Wikipédia

    La marine française sous la terreur Img_3638

    Sur sept cent vingt trois hommes , les deux tiers sont morts ou blessés. les canots sont hors d'usage. les couleurs sont amenés et signal est fait aux Anglais de porter secours aux survivants. Il est 16 h 30.

    Les marins du Vengeur dessin d' Alfred Paris, illustration de l' article paru dans Gloire et Empire no 71 mars-avril 2017

    La marine française sous la terreur Img_3639

    Les vaisseaux les plus proches, le Culloden et l' Alfred, mettent à l'eau canots et chaloupes et embarquent les naufragés. les malheureux blessés restés à bord sombrent avec le valeureux navire. Quelques miraculés accrochés aux épaves ont secourus.
    Le combat du Vengeur du peuple entrera dans la légende grâce au discours enflammé de Barère à la convention ,et contribuera à la propagande révolutionnaire . Diverses gravures et tableaux contribueront à stimuler le patriotisme, aidés par les journaux de l'époque et les poètes.

    épilogue de la bataille

                   Les restes de la flotte française rentrent à Brest ou, comble de l'ironie, les arsenaux sont vides. Rien pour réparer. Misère de la révolution, incompréhension totale du monde marin, incompétence et folie révolutionnaire. Il faudra un certain temps et un appel aux autres ports pour parer au plus pressé.

    Les Anglais revendiquent la victoire avec six vaisseaux pris et un coulé  chez les Français et aucun de leurs navires perdus, mais ils ont manqué l'objectif principal de leur mission: la prise du convoi. Celui-ci est arrivé sans encombre, sans perte avec en plus quelques prises faites en route.
    Le régime révolutionnaire revendiquera lui aussi la victoire, la mission principale était la protection et l'arrivée sans encombre a destination du convoi d'Amérique en France.

    Dernier article historique de Jean-jacques
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