IntroductionLa construction d'Arsenal, c'est certes l’étude de plans, le façonnage de quantité de matériaux,
mais ce peut être aussi, pour celui désireux de s'affranchir de sources préconçues,
la recherche, la lecture, l'interprétation et le recoupement de bon nombre de données contenues
dans une multitude de documents historiques, dans le but de permettre l'obtention d'une source suffisamment fiable
qui autorisera une approche de réalisation d'une pièce ou d'un ensemble de pièces modélisé "au plus près de la réalité".
Passionné de métallurgie, c'est donc tout naturellement que je vous propose tout au long de ce sujet,
de m'accompagner sur la reconstitution d'un canon de fer du XVIII ème siècle selon Jean Maritz.
Certains d'entre vous ont peut être aperçu sur le site des tableaux de synthèse de certaines des données
qui ont contribués à cette approche et à ce sujet.
La pièce d'artillerie directement concernée ici est une pièce de calibre 6 du XVIIIe,
élément de batterie dont était armée la Galiote à bombes "La Salamandre" de 1752.
J'ai pour ce projet, écarté les documents de type monographique ou de sources préconçues
et ai tenté autant que faire se peut, une remontée aux sources originelles.
Mes principales inspirations ont donc été des traités de métallurgie, des manuels de fondeurs,
des comptes rendu de l'académie des sciences, autant que des études de l'artillerie sous toutes ses formes,
par des sommités aux noms glorieux comme la famille Maritz, le Sieur Surirey de Saint Rémy, Monsieur de Scheel
et quantité d’autres personnages tous plus férus les uns que les autres sur ce thème.
Vous m'accompagnerez également tout au long de ce sujet sur mes débuts d'expérience personnelle
en modélisation 3D avec le logiciel Rhinocéros 5, car il faut bien le dire cette étude n'est pas destinée à
ne rester que sur le papier !
J'ai une attention toute particulière en direction de mon grand ami qui se fera connaitre si il le souhaite
et si vous n’avez déjà devinez de qui il s’agit
...
qui après moultes tentatives et harcèlements dont il a le secret, est parvenu à me faire empoigner les cornes de la bête,
car il faut bien l'avouer, ce Rhino est un sacré morceau à ingurgiter !!!
Mais trêve de jacasserie, passons à des choses plus ludiques
Le support historique utilisé pour cette étude a été et est encore d’ailleurs les tableaux de relevés de dimensions
de Jean Maritz qu’il nous a gentiment et intelligemment légué dans plusieurs de ses ouvrages,
donc notamment son précieux manuscrit "Artillerie de la Marine" de 1758.
Vous remarquerez au passage que la date de cet ouvrage n’est pas anodine
et colle remarquablement bien avec notre Galiote de 1752 !
Pour ceux qui ne connaissent pas ce grand personnage issue d’une non moins célèbre famille,
celle des Maritz, fondeurs de père en fils, un peu d’histoire …
Jean Maritz, deuxième du nom, né à Berne en 1711 de Jean Maritz (1680 - 1743) débute sa carrière de fondeur
aux côtés de son père dès son plus jeune âge, à la fonderie de Genève.
En l’an 1734, à l’âge de 54 ans, Jean Maritz père passe en France et devient responsable de la fonderie de Lyon
avec le titre de Commissaire des fontes de l’Artillerie.
Jean Maritz fils, après des voyages d’études et perfectionnement en Hollande et en Allemagne, rejoint son père à Lyon,
l’année même de sa nomination, soit en 1734.
Il prit dès lors à cœur d’améliorer l’invention de son père, la très célèbre machine à forer les canons, qui jouera un rôle
prépondérant dans la conception de notre artillerie Française et plus tard mondiale.
Ses connaissances et son implication dans la Maîtrise de son art ont également été significatives lors de la mise au point
du fameux système GRIBEAUVAL.
Jean Maritz fût également l’artiste créateur de la statue équestre de Louis XV mise en place en 1763 à Paris devant les Tuileries.
Il fût également responsable des Fonderies de Douai et Strasbourg, et chargé de la régie des Forges de Ruelle.
Appelé par Charles III, Roi d’Espagne, il mit en place les Fonderies de Séville et Barcelone en 1765.
De retour en France, il décline l’offre de Catherine II pour exercer ses talents en Russie.
Après une vie professionnelle plus que prolifique, Jean Maritz fils prend une retraite bien méritée, peu avant sa 63ème année.
Il s’éteindra à Lyon en 1790 à l’âge de 79 ans, laissant son illustrissime nom de famille gravé dans le Bronze et le Fer à jamais.
(Sources :
Mémo de Jean Boudriot dans la ré-édition en 1987 du manuscrit de Jean Maritz 1758 par les éditions Omega (Ancre))
Nous voici donc de retour en 2016 avec en mains le fameux manuscrit de Maritz
donc voici les extraits qui nous intéressent pour la réalisation de cette pièce d’artillerie de fer de calibre 6.
Et c’est parti pour une petite synthèse de tous ces chiffres et surtout pour une réactualisation … en millimètres.
Inutile de vous préciser que cette synthèse a été vérifiée soigneusement avant même d’être très sérieusement re-vérifier
et re-contrôler en vue d’une vérification très contrôlée !!!
L'artillerie, du moins en ce qui concerne la réalisation de canons, est essentiellement régie par
deux règles qui gravitent autours du calibre et des neuvièmes des pièces à réaliser.
Je vous laisse le temps de digérer le "blabla" avant de passer aux choses sérieuses
,
et puis il faut bien garder un peu de suspens