Tracé du bouton de culasse. Vue en perspective 3D < Lien actifJe rappelle que nous ne traçons sur Rhino qu’une moitié de la vue de dessus,
le logiciel s’occupant pour nous de tracer une éventuelle autre moitié
ou le cas échéant d’effectuer une révolution autour d’un axe pour matérialiser le dimensionnement en 3D.
Ceci a pour énorme avantage d’obtenir une symétrie parfaite des tracés, à partir d’un quart de plan.
Concernant la culasse de cette pièce de calibre 6, cul-de-lampe et bouton,
Jean Maritz nous indique ceci dans son tableau à la première ligne A :
Longueur du bouton - (compris le cul-de-lampe) :
1 calibre, 9/12 ème ou 6 pouces, 2 lignes, 8 points soit 168,44 millimètres.
Nous positionnons donc un repère pour matérialiser les 168 millimètres disponibles
pour le tracé de l’ensemble bouton/cul-de-lampe.
Remarquons ici que le cul-de-lampe et son bouton ne font pas partie intégrante des neufs neuvièmes
qui déterminent les proportions d’une pièce.
Il faut maintenant être très prudent, car nous trouvons assez facilement
les données de traçage des pièces de fer après 1766,
comme c’est le cas dans l’ouvrage de Jean Boudriot - Artillerie de mer 1650 - 1850,
mais ces données sont un peu plus problématique à dénicher sur des périodes antérieures.
La norme établit à l’époque par l’ordonnance du 07 octobre 1732 voulait que l’espace occupé par les trois éléments
de la culasse que sont le cul-de-lampe, le listel, le collet et son bouton, soit de deux calibres dont un demi
réservé exclusivement pour le cul-de-lampe.
Pourtant Jean Maritz, certainement désireux d’asseoir sa notoriété et ses compétences,
en décida autrement, comme le prouve son précieux manuscrit.
En effet, on constate à la première ligne A de son tableau que nous ne disposons pas
de deux calibres pour l’ensemble des éléments de la culasse, mais seulement 1 calibre et 9/12 ème.
Le Sieur Surirey de Saint Rémy, dans ses Mémoires d’Artillerie de 1741 nous décrit parfaitement la façon d’obtenir
les courbes du bouton de culasse et de son collet, tracés qui induisent un bouton de culasse en forme d’ellipse,
et qui fut d’ailleurs repris quelques années plus tard par M. De Scheel et d’autres encore.
Même si ce schéma de traçage est dans sa conception plus ou moins identique à celui mis en place par Maritz,
il reste néanmoins que tous les points de repère des tracés, ainsi que les cotes utilisées sont différents.
Je reprend donc ici la méthodologie de tracé de Jean Maritz au point par point.
La longueur donnée par Jean Maritz pour l’ensemble bouton/cul-de-lampe est de 168 m/m pour cette pièce de calibre 6,
Dans un premier temps il nous faut diviser l’espace disponible en trois tiers totalement égaux.
Un tiers sera réservé au cul-de-lampe, un autre au listel et au collet du bouton, et le dernier tiers sera consacré au bouton.
Mise en place des repères de traçage et des points a et A sur la droite passant par l’axe médian de l’âme.
- Le point a représentant le vif inférieur de la plate-bande de culasse.
- Le point A représentant l’extrémité du bouton de culasse.
Nous commençons par le tracé de l’ensemble bouton/collet
et consultons les indications à la ligne K du tableau de Jean Maritz qui sont les suivantes :
Diamètre du bouton de culasse - (au plus fort) : 1 calibre, 1/12 ème, et 1/2 ou 4 Pouces soit 108,28 millimètres.
Les indications à la deuxième ligne A du tableau de Jean Maritz sont les suivantes :
Diamètre du collet du bouton de la culasse : 10/12 ème - 2 pouces, 11 lignes, 7 points, soit 80,22 millimètres.
Malheureusement, aucune indication sur la longueur du collet du bouton,
ou à défaut la longueur du cul-de-lampe.
Toutefois, comme cité un peu plus avant, quelques auteurs ayant traité ce sujet,
on parvient sans trop de mal à recouper les sources,
et ainsi que ce soit dans les Mémoires d’Artillerie de 1741 de M. Surirey de Saint Rémy, sommité es matière,
ou dans les Mémoires d’Artillerie de 1765 de M. de Scheel, nous parvenons à retrouver ceci :
Nous verrons toutefois que les cotes indiquées par S.S.R ne pourrons être mise en application par le simple fait que Maritz
utilisait ses propres normes et cotes, tout au moins pendant un certain temps encore.
Mise en place des repères donnés par Maritz :
- Tracer les droites w/x et w’/x’ à 54 millimètres de part et d’autre de la ligne médiane.
La distance séparant les points w et w’ ainsi que les points x et x’ est égale à la cote
du bouton de culasse au plus fort, soit 108 millimètres ou 1 calibre, 1/12ème et 1/2
- Tracer les droites y/z et y’/z’ à 40 millimètres de part et d’autre de la ligne médiane.
La distance séparant les points y et y’ ainsi que les points z et z’ est égale à la cote
du collet du bouton de culasse, soit 80 millimètres ou 10/12ème de calibre.
Sur la droite a/A placer le point E tel que A/E = 10/12 ème de calibre, soit ici 80 millimètres,
et tracer l’arc de centre E et de rayon E/A.
Sur le segment de droite E/A, placé le point C tel que E/C = 11/24ème du calibre de la pièce, soit ici 44 millimètres.
Tracer la perpendiculaire à la droite a/A passant par C coupant la droite w/x au point G et coupant la droite w’/x’ au point S.
Sur la droite C/G matérialiser le point F, tel que G/F = 4/12ème de calibre, soit 32 millimètres,
et tracer l’arc de centre F et de rayon G/F.
Sur la droite C/S matérialiser le point P, tel que S/P = 4/12ème de calibre, soit 32 millimètres,
et tracer l’arc de centre P et de rayon S/P.
Sur la droite a/A, matérialiser le point D, tel que a/D = 11/12ème de calibre, soit ici 88 millimètres.
Tracer la perpendiculaire de a/A passant par D, coupant la droite y/z en K et la droite y’/z’ en V.
Dans le prolongement de la droite D/K, matérialiser le point I tel que D/I = 10/12ème de calibre, soit ici 80 millimètres.
Tracer l’arc de centre I et de rayon I/K qui doit venir attoucher l’arc de centre F.
Dans le prolongement de la droite D/V, matérialiser le point T tel que D/T = 10/12ème de calibre, soit ici 80 millimètres.
Tracer l’arc de centre T et de rayon T/V qui doit venir attoucher l’arc de centre P.
Récapitulatif des schémas de traçage du bouton de culasse pour les canons de fer
de tous calibres, sur la période de 1733 à 1766, selon Jean Maritz.
Attention toutefois : Les cotes indiquées ici en millimètres, ne sont valides que pour une pièce de fer de calibre 6.
Les schémas de traçage, ainsi que toutes les indications en 12ème et 24ème de calibre citées plus avant sont quant à eux
valables pour toutes les pièces de fer de tous calibres sur la même période, et selon Jean Maritz.
Nous procédons maintenant au traçage définitif du bouton de culasse, de son collet et de son listel.
Reproduction des arcs.
Épures des tracés
Le bouton prend forme ...
Tracé du listel de collet qui comble le dernier espace disponible du tiers médian .
Fin de l’épure des tracés pour le bouton de culasse, son collet et son listel.
On s’aperçoit ici que le bouton occupe bien le premier tiers inférieur du volume disponible,
tout autant que le collet qui se termine par un listel n’occupe que le tiers médian.
Quelques vues 3D, plus explicites sur le pourquoi du comment de toute cette géométrie appliquée ...
On ne peut pas dire que les Fondeurs ne se tritouillaient pas les méninges à l'époque
Et voilà pour le bouton de culasse
La suite prochainement avec le tracé du cul-de-lampe ... façon Maritz ... bien sur